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J’ai eu l’opportunité de participer à l’enduro 2 avec le club CCB. Nous sommes partis avec Victor, Anthony, Cyril, Philippe, Lionel, Joran, Florent, Valère, Sylvain, Stéphane, soit 10 riders franciliens en quête de sensations en montagne.

Il s'agissait d'un format « atypique » de course de vélo enduro qui se déroule sur 3 jours, avec 15 spéciales pour le format long et 13 pour le format court. Une équipe se compose de deux riders (homme/femme/mixte/père/fils/fille). L’un des deux porte une puce. Il ne sert donc à rien de finir loin devant, car il faut que les deux soient présents pour que la validation du temps de la spéciale se fasse. Tout un programme pour 3 jours de fun.

Le lieu de la compétition est Méribel.

Pour ma part, c'était ma première participation à une course qui se fait en duo. Pour cette course, je ne voulais pas décevoir mon binôme et j’ai donc choisi de me remonter un enduro pour l’occasion (mon SB6C étant resté à La Réunion pour sa dernière course) et le SB100 m'aurait fait défaut mécaniquement et en termes de performance sur certaines spéciales).

Le vélo

Pour cette course de 3 jours, j’ai fait le choix de me monter un enduro quasi exclusivement pour l’occasion (la Mega de La Réunion devait être ma dernière course d’enduro). Pourquoi ? Car cette discipline coûte cher, nécessite du temps, du matériel et surtout un terrain de jeu approprié. Désormais, je me concentre sur de l’ultra distance. Après quelques recherches sur internet, mais aussi parce qu’un ami de La Réunion en possédait un que j’ai pu essayer, je me suis lancé sur le setup suivant :

  • Cadre : Banshee Titan V3.2
  • Fourche : SR Suntour Durolux 38 EQ PCS R2C2 170 mm
  • Amortisseur : Fox DHX Float X2 Performance (de base, il y a un Öhlins TTX22M.2 dessus)003
  • Potence : Funn Funduro 35 pour 30 mm
  • Roues AV/ARR : Mavic Deemax Pro Hill 28 mm en 29" (je n’ai pas opté pour le mullet)
  • Pneu avant : Maxxis Minion 2.5 EXO 1,4 bar
  • Pneu arrière : Maxxis Aggressor 2.5 Double Down 1,6 bar
  • Cassette arrière : SRAM GX 52 12 sp
  • Dérailleur arrière : SRAM GX AXS (j’ai repris le dérailleur du SB100)
  • Tige de selle : Reverb AXS (tige de selle de mes 4 vélos)
  • Cintre : Burgtec 35 avec 38 mm de hauteur
  • Grips : ODI Elite Pro
  • Freins : Formula Cura 2
  • Selle : Prologo M5 Scratch Pro
  • Disque avant : 203 mm
  • Disque arrière : 180 mm
  • Visserie : full titane rainbow (pour le côté bling bling)

L’idée du build était d’avoir une base solide pour durer sur les 3 jours et les 15 spéciales, et cela en toute condition (faible entretien). Cela a été payant SAUF sur mes plaquettes de frein bas de gamme (arrière). Mais nous y reviendrons plus tard. J’ai également fait le choix d’un amortisseur à air plutôt que de prendre mon amortisseur à ressort. En effet, je n’avais pas le bon ressort (tarage), et je n’avais pas envie de m’embêter à acheter encore et encore. J’ai donc opté pour la simplicité avec l’amortisseur à air Performance X2. À noter que cet amortisseur présente de nombreux défauts de conception (perte d’air/huile, fissure de la tête, cavitation (mélange air/huile)). 3 jours avant le départ, le mien présentait un phénomène de cavitation à la suite de mes entraînements dans mon jardin. J’ai donc dû le faire réparer rapidement sur Paris (Whipbiker). J’ai choisi de ne pas monter le vélo en mullet ni de privilégier une roue avant plus « light ». L’idée était de rouler sereinement sans frais ni casse. J’ai également choisi de le rouler en low pivot et non en high pivot. Je trouvais que Mavic avait fait le job avec le moyeu ID360 et que la suspension était déjà bien « libérée », un peu comme j’avais fait en Espagne avec le DT 1350 18T. J’ai donc privilégié le petit guide chaîne (on n’est jamais trop prudent). Idem pour la couronne avant, j’ai fait le choix du 34 et non du 36, car je craignais un peu de peiner dans les relances/coups de cul. Pour le coup, j’ai choisi de rester en pédale plate, et pis encore à l’aveugle. Le pneu avant est en EXO (trail, XC) et le pneu arrière en carcasse Double Down. J’avais un combo EXO AV/ARR en Espagne et le pneu arrière avait crevé en 3 endroits sur une compression. L’idée était d’éviter cette déconvenue en terra incognita. Assez de blabla, place à la course.

Jour 1 :

Après 7 heures de route et des péripéties (remorque accidentée par un automobiliste), nous sommes arrivés au camping. Nous avons monté nos tentes (c’est un art difficile que je ne détaillerai pas). Ensuite, nous avons récupéré nos plaques de course et finalisé nos inscriptions respectives. Plus de peur que de mal, car je n’avais pas imprimé physiquement mon certificat médical, et mon binôme non plus. Pour le coup, nous étions déjà synchronisés 😉. Le soir, repos, car demain, c’est jour de course.

Jour 2 :

Premier jour de course, quasi l’ensemble des riders se sont levés vers 6 heures du matin à la fraîche. Il faisait frais, car la météo n’était pas de notre côté (pluie, humidité, fraîcheur). Nous avons donc eu l’occasion de bien nous préparer pour arriver vers 9h30 au village de Méribel.

Nous avons récupéré notre badge. Dans mon équipe, c’est Florent qui aura le badge pour les 3 jours.

Après 2 montées en télésiège à regarder la pluie et les paysages, nous entamons enfin la course 😊

Spéciale 1

Une spéciale type randonnée de haute montagne, c’est-à-dire un petit sentier entouré de pâturages. À ce sentier, il convient de rajouter des roches, des pierres mobiles, de la boue et des flaques. Tout se passe relativement bien. Nous restons seulement embourbés à un endroit, ce qui a eu pour conséquence de casser notre rythme. Étant en seconde position, je me prends les projections de boue de mon binôme. Rien d’extraordinaire dans ce type de cas, mais c’est inconfortant. Le masque est là pour protéger mon bien le plus précieux pour ces 3 jours, à savoir mes yeux. Une première mise en jambe qui me permet de voir ce que je peux faire ou ne pas faire (relancer, accélérer, encourager, me mettre en danger, prendre d’autres lignes...) et surtout de voir si mon vélo, mes réglages et mon corps répondent présents. Pour le moment, c’est de bon augure pour la suite et j’ai hâte d’enchaîner.

Spéciale 2

C’est une spéciale de bike park, tout ce que je déteste : un sol « dur », des tables, des sauts, des virages relevés. Bref, rien de naturel, mais c’est fun et ça permet de s’amuser. Ici, nous avons eu un bon rythme : pas de flaques, pas de boue et un bon grip. Avec du recul, je pense que nous aurions pu faire mieux en pédalant pour relancer encore plus vite et ne pas nous laisser aller à notre vitesse, en particulier sur la fin. Bien entendu, c’est un point de vue « après coup » et non dans le feu de l’action. Une spéciale où je me suis amusé, car nous avons pu sauter quelques tables. De mon côté, c’est également une spéciale où j’ai eu une belle frayeur. En effet, par je ne sais quelle sorcellerie, je me suis retrouvé à sauter sur une bosse, mais à rester en chandelle, ce qui m’a valu un bel atterrissage en wheeling juste avant un virage.

De un, je manque de percuter la roue arrière de mon binôme avec l’inertie de la vitesse. De deux, je suis debout sur les freins (c’est à ce moment que je me rends compte que les Cura 2 ne sont pas si performants). De trois, je rate le virage relevé. Il me faudra relancer pour recoller à la roue de mon binôme. Ma seconde erreur est lorsque mon binôme a pris un virage en extérieur vers la fin. J’ai voulu le prendre à l’intérieur pour une raison inconnue, mais ma ligne était différente de la sienne, ce qui m’a valu d’être « coude à coude » avec lui pendant une seconde ! Encore une fois, plus de peur que de mal. Heureusement, c’était presque la fin et nous avons même eu le luxe de doubler deux groupes sur l’ensemble de la spéciale. Malgré tout, ma confiance se renforce et je suis « chaud ».

Transition

Une longue phase de pédalage avant de se rendre sur la spéciale 3. Un petit chemin de randonnée bien sympathique, le tout à la pédale. Personnellement, j’ai adoré.

Spéciale 3

Une spéciale particulière. Mon binôme m’annonce du dévers et des racines avec des relances pour cette spéciale et la prochaine (la 4). Là, je me dis que ça va être un bon endroit pour gagner du temps, car je sais que beaucoup n’aiment pas les racines. Si en plus il y a des relances, c’est le combo gagnant pour gratter des secondes voire des minutes. Nous roulons vite au départ car c’est un sentier large avec des pierres. Puis, sur un coup de tête, je saisis l’opportunité de passer devant. En effet, il y a du dévers bien gras/meuble, des racines et des coups de cul à grimper. J’ai la banane, car c’est plus ou moins ce que j’aime : un sentier en pleine nature avec ce que la nature nous offre de mieux pour nos engins à deux roues. De plus, c’est physique et cardio avec une petite touche technique.

C’est à ce moment précis que je constate deux choses : le vélo prend facilement de la vitesse dans le défoncé et ne bouge pas, ce qui est tant mieux, car cela me permet de m’économiser gratuitement. MAIS malheureusement, quand il faut freiner, les Cura 2 ne sont pas top. Je m’étais déjà dit la même chose à Ainsa, mais j’ai persisté en changeant les plaquettes, et grand mal m’en a pris. J’ai réussi à doubler deux groupes sur cette spéciale, à chaque fois dans un champ de racines. C’est quand même « satisfaisant » quand cela arrive. J’arrive à la fin et aperçois l’arbitre. J’attends l’arrivée de mon binôme qui ne se fait pas attendre. Nous scannons le badge et nous arrivons au premier ravitaillement.

Un ravitaillement sympa avec des sucreries et la possibilité de recharger en eau et électrolytes. Je recharge ma gourde. À ce ravito, nous croisons Victor, Philippe, Cyril, Lionel, Joran, et Anthony. Nous échangeons un peu puis nous repartons pour la spéciale 4.

Spéciale 4 : elle est annulée pour cause de mauvais temps.

Spéciale 5

Encore une spéciale avec des racines, du dévers et des cailloux, le tout en sous-bois. Personnellement, j’ai adoré. La spéciale commence en sous-bois avec de grosses racines, mais pas détrempées, avec un peu de dévers, ce qui est un plus. Je passe devant mon binôme, mais un peu plus loin, je rate une ligne et je m’arrête presque. Je suis dégouté. En effet, je n’avais pas remarqué que le côté droit se sautait, ce que mon binôme m’a indiqué après coup. Je n’avais pas vu le kick pour lever les roues, dommage.

L’aventure se poursuit, je relance comme je peux pour « récupérer » les secondes et retrouver cette sensation de vitesse. En effet, dans les parties techniques, il ne faut jamais y rester trop longtemps au risque de s’épuiser et que cela se transforme en partie de trial. Je m’amuse comme un diable. Je double un couple en électrique, puis un second binôme. J’arrive en bombe dans un village avec une épingle et un muret. Pour gagner du temps, je saute le muret pour reprendre dans un champ bien rapide, où je pédale pour aller encore plus vite. Je réussis à doubler un groupe. Plus loin, un rider sur le bas-côté me fait signe de ralentir, mais je ne le fais pas. En effet, mon champ de vision ne m’indique ni obstacle ni personne sur la piste, à part ce monsieur qui n’avait pas de badge de secouriste.

Je poursuis mon chemin jusqu’à mon calvaire. Je tombe sur un groupe de riders, l’un en Nukeproof et un autre en Yeti SB160, en difficulté. À ma vue et à ma sollicitation, ils ne m’ont pas laissé passer, ce qui m’a valu de rester derrière. À chaque fois que je pouvais ou voulais doubler, ils pédalaient comme des fous pour m’en empêcher. La rage monte. Au loin, j’entends des cris, puis encore et encore. Je crie « Florent » puis je m’arrête en sécurité sur le bord de la piste. Un peu plus tard, j’entends et je vois arriver deux riders belges suivis par Florent. Je les laisse passer et je me lance à nouveau. J’annonce à Florent que je pensais que c’était lui qui criait et je lui indique que deux autres gars sont devant et qu’ils refusent de laisser passer. Les deux Belges réussissent à les dépasser, j’étais content pour eux.

Nous arrivons de nouveau derrière nos deux riders, mais malheureusement presque à la fin et c’est fini pour nous. Le bilan de cette spéciale me laisse un goût amer, mais j’étais content malgré tout car elle était physique, rapide et amusante.

Spéciale 6

La dernière spéciale de la journée pour clore cette longue journée. Une spéciale « dantesque », tout simplement LA spéciale que j’ai le plus appréciée de notre séjour. « Une véritable dinguerie ». Pour cette piste « longue », nous devons jouer dans la boue. En effet, les pluies ont trempé la piste et elle est très glissante. Mon binôme s’élance et déjà je sens mon vélo « s’enfoncer » dans le sol. Les projections de boue de sa roue arrière ne me trompent pas : la piste est détrempée, et il va falloir être prudent et concentré. Je me sens vite à l’aise et j’ai envie de rouler plus vite. Je me décide, sans mettre en danger mon binôme, à trouver une trajectoire au moment opportun pour pouvoir doubler et choisir davantage mes lignes. En effet, quand tu roules derrière quelqu’un, il est « difficile » de choisir ses lignes car il n’y a pas ou peu de visibilité et cela peut être dangereux.

Rapidement, mes pneus s’alourdissent de boue car ils ne débourrent pas très bien cette boue collante et épaisse. Je sais donc qu’il va me falloir de la vitesse pour générer de l’inertie afin d’enlever cette boue de mes pneus. Première satisfaction, j’aperçois le groupe qui s’est élancé juste avant nous. Je décide d’accélérer et de donner du rythme afin de les doubler rapidement, ce qui se fait sans accroc. Je continue ma route en gagnant en confiance. Quelques secondes plus tard, j’aperçois un pilote en difficulté dans une épingle. Je la prends large en bloquant ma roue arrière afin de faire un dérapage et prendre l’épingle sans perdre trop de vitesse, sans tomber, ce qui me permet de doubler ce pilote à la sortie de l’épingle. J’enchaîne et croise des pilotes rangés sur le bas-côté sans y prêter une attention particulière car ils ne gênent pas. La piste change et des surfaces rocheuses et des racines font leur apparition, mais la boue est toujours présente.

J’aperçois en contrebas un pilote puis un autre. Je m’annonce assez rapidement afin qu’ils me laissent passer. Ils s’arrêtent et se rangent sur le bas-côté. Ça roule vite et c’est physique. J’ai le souffle court car il faut tenir le vélo dans la boue et relancer. J’aperçois un groupe de pilotes cette fois. Ça va vite, j’arrive vers eux à pleine balle, je m’annonce. Je vois qu’ils ne sont pas à l’aise pour me laisser passer car nous sommes dans une partie en dévers. L’un des deux tombe et glisse. Son binôme lui annonce et le second me dit « vaffanculo ». Je ne réponds pas car trop concentré et je poursuis ma chasse. Je double un dernier groupe à quelques mètres de l’arrivée. Je me mets un peu plus bas pour ne pas gêner ceux qui arrivent. Je discute un peu avec les gens à l’arrivée et tous disent que c’est une superbe spéciale. De mon côté, en zieutant mon vélo, je vois que la garde de mon levier de frein arrière est longue, ce qui indique que les plaquettes sont quasi à la fin.

Par la suite, l’Italien s’approche de moi, vient s’excuser pour son insulte et me salue. Mon binôme arrive et nous décidons d’attendre les collègues Cyril, Philippe, puis Victor et Anthony. Nous rentrons ensuite au camping. Sur le trajet du retour, j’ai pu discuter avec deux ou trois riders. Beaucoup ont déjà participé les années précédentes et aiment bien le format de course à deux avec un « buddy ».

Au camping, ça sera lavage de vélo, inspection, graissage, serrage et une bonne douche. Je confirme que mes plaquettes arrière sont à bout. En y regardant de plus près, j’observe qu’il ne reste plus grand-chose, mais assez pour rouler. Malgré tout, je décide de ne pas tout changer (alors que j’avais un jeu avec moi). J’aurais dû, car le lendemain, je vais être sur le « fil ». Le soir, ce sera barbecue avec le collègue Joran.

Jour 4

Spéciale 1

De retour à Méribel, nous avons droit à un peu d’attente, comme la journée précédente. Après un passage en télésiège et une petite descente d’échauffement, nous arrivons sur la première spéciale de la journée : un bike park avec des virages relevés. Moralement, je suis dépité, je déteste ça. Mais bon, il faut y aller, donc on se motive. Je sens que mon binôme adore ce type de piste avec des virages relevés, des tables, des doubles, et des petits aménagements en bois. Nous nous suivons en enchaînant les virages, puis nous arrivons en bas avant d’entamer une grosse liaison en côte. Je pédale à mon rythme avec le propédale fermé (ce détail a son importance pour la suite). Dans ce type de liaison, le plateau en 34 dents couplé à une cassette en 52 est super confortable pour avancer avec ce type de vélo sans se ruiner musculairement parlant.

Spéciale 2

Après une belle remontée en télésiège avec un passage impressionnant de grimpe sèche, j’étais bluffé par le pourcentage de dénivelé positif que les télésièges nous épargnent. Les humains sont capables de prouesses techniques et technologiques vraiment impressionnantes. Nous avons également eu de la chance avec des conditions top en termes d’ensoleillement par rapport aux deux jours précédents. Le paysage, arrivé au sommet, est002 à couper le souffle. C’est magnifique et il reste même de la neige. Nous entamons la descente pour nous rendre à la spéciale 2. Cette petite entame me plaît bien. Il y a des cailloux, des pierres et de la pente, ça va donc vite. Le vélo prend de la vitesse tout seul, sans effort de ma part. C’est ce type de terrain que j’aime et que le vélo aime aussi. À tel point que certains passages techniques et naturels arborent un nouveau visage qui gomme tout sur son passage.

Nous nous insérons dans la file d’attente. Mon binôme me dit qu’ici, ce n’est que de la pierre, que ça tabasse et que ça va me plaire car c’est nature. Il a raison ! Nous attaquons et j’en veux plus, tout de suite. Je me lance et décide de passer mon binôme par la gauche. J’ai le champ de vision libre et je peux m’exalter avec les rochers. Le terrain me rappelle Ainsa mais avec plus de vitesse. J’ai la banane, un sourire de satisfaction sur mon visage derrière mon masque. J’entends mes roues taper, mais ce n’est pas grave. On s’en fout, je prends de la vitesse très facilement, je m’amuse. Mais curieusement, je sens que le vélo a malgré tout moins l’effet canapé que j’avais dans mon souvenir en Espagne pour ce type de terrain caillouteux. La roue arrière semble moins plaquée au sol, quelle que soit la situation, la suspension reste moins active que d’habitude. Je me dis "Tsss, l’amorto doit encore caviter" (problème fréquent et connu des Float X2 air comme ressort). Il n’en était rien ! En arrivant en bas de la spéciale, je constate amèrement que j’avais oublié d’enlever le propédal de l’amortisseur quand nous avions fait la liaison précédente ! Il était donc bloqué en début de course... je suis vert ! Petite vengeance perso : hihii, j’ai pu mettre en pression le groupe d’Italiens (j’ai doublé à la régulière celui qui m’avait insulté, même s’il s’était excusé ^^) et me tirer la bourre avec le plus jeune sur son Santa Cruz Megatower dans la motorway (zone de haute vitesse). Arrivé en bas, je vois quand même que mon frein arrière est limite limite. En effet, j’ai tendance à freiner par à-coups sans bloquer mes roues, ce qui use beaucoup les plaquettes, surtout des plaquettes bas de gamme achetées sur Amazon.

Une liaison vraiment singulière nous attend, avec une côte empruntée par le Tour de France pour nous amener au sommet. 😉 J’ai eu un très grand plaisir à la gravir. Hihihi, des « riders* » (dédicace à Sylvain x Stéphane) pensaient que j’avais un moteur sur mon vélo ;) J’ai eu également l’occasion de discuter avec un rider travaillant pour le magazine Vélo Vert, qui me disait qu’il avait déjà roulé à La Réunion. C’est le genre de rencontre que j’aime bien sur les events... Tu vois de tout et de tout horizon.

004Arrivé au sommet, je vois Sylvain et Stéphane dans la file d’attente pour faire leur run. Nous en profitons pour discuter un peu. Sylvain m’explique la symbolique de cet endroit, que je trouve très bien à gravir en vélo de route (prochain challenge). Ils s’élancent et je leur souhaite bon ride. J’aperçois ensuite Cyril qui arrive, puis Victor, Philippe, Anthony, et Florent. J’en profite pour faire des photos.

Nous ne tardons pas et nous nous rendons dans la file d’attente de la spéciale 3.

Spéciale 3

Dans la file d’attente, j’en profite pour enlever le propédale afin de ne pas rééditer l’exploit de la spéciale 2. Ça va, le vélo s’enfonce bien tout de suite. C’est à notre tour, nous nous élançons. Le départ se fait chill et nous nous laissons porter par la légère pente en plein pâturage. Le balisage n’était pas des plus visibles sur cette cime, et mon binôme a ralenti en commençant à tourner à droite en pensant que le chemin était plus à droite, mais in fine, non. Je passe devant malgré moi, puis nous continuons les enchaînements. Le terrain est un single piéton avec des cailloux, de la terre, un peu de boue. Il ne laisse pas trop de place à la créativité sauf sur certains passages. Il faut relancer pour profiter d’une bonne vitesse et rester alerte sur le vélo afin de s’économiser et ne pas trop subir. Le single comporte pas mal d’épingles que je m’amuse à drifter de la roue arrière, sauf une fois où j’ai dû poser mon pied car la boue m’a fait perdre l’avant, grrrrrrr. Je relance régulièrement, que ce soit pour gagner de la vitesse, mais aussi parfois sur de courtes petites bosses. Ce n’était pas mon single favori, mais c’est sympa et physique à rouler.

 

Spéciale 4

Un ravito puis une liaison nous attendent ici, pas des plus faciles, mais très sympas. J’en profite pour discuter un peu dans la file de départ en haut de la spéciale avec un Irlandais et un Espagnol, puis de nouveau avec un type qui avait le même Nomad que moi (Nomad MK2) (un Français Corse). Je tape un peu la discussion avec Lionel et Joran qui partent. Puis mes collègues commencent à arriver. Tout le monde décide de faire sa petite vidange. Florent m’annonce que c’est une spéciale qui va me plaire car il y a des dévers, des racines, de la pente et que c’est nature. Nous nous élançons et nous nous laissons couler tranquille. J’encourage mon binôme pour les petits coups de cul, puis je profite d’un virage qu’il prend à l’extérieur et moi à l’intérieur pour me lancer. En effet, mon binôme me connaît bien, et c’est exactement le type de terrain que je chéris... Des dévers avec des racines, des galets, des petits coups de cul pour monter en cardio, de la pente douce et longue, mais aussi forte. Mais tu n’es jamais tranquille, c’est défoncé et ça va vite, très vite. Il y a 10 000 trajectoires possibles, possible d’être créatif sans se mettre en danger. J’ai la dalle, j’ai envie de conquérir ce terrain et de profiter au max. Je relance à chaque fois et tout passe vite, très vite. Je rattrape rapidement les deux partis avant nous, puis un second groupe (un gars et une fille), puis je double dans une relance un groupe de trois Espagnols. Puis dans une motorway de racines/pierres, je double les deux Irlandais qui discutaient avec moi dans la file d’attente. J’aperçois au loin un dernier groupe, mais c’est le virage de la fin avec une petite relance. Nous arrivons quasiment en même temps auprès de l’arbitre. Je suis très content de mon run. Je suis épuisé, je bois de grosses gorgées de ma gourde sous les yeux amusés de Lionel et Joran. Mon petit chrono sportcount m’annonce 5 min 46 sec. Je suis plutôt content, d’autant plus que j’ai vu après coup que les meilleurs étaient à 5 min sur cette spéciale. On se rapproche donc des meilleurs temps !

Nous repartons pour attaquer la dernière spéciale de la journée. Je suis content, il fait beau et chaud enfin. En attendant, une bonne portion de route nous attend pour rejoindre le village de Méribel. De mon côté, j’ai peur, car mon frein arrière frotte sur la ferraille, c’est la fin, mais je sais qu’à Méribel, il y a des bike shops. Arrivé à Méribel, je me décide à faire le tour des deux magasins de vélo. Le premier ne fait pas Formula, au moins c’est clair, mais il me dit de me rendre au second. J’arrive au second bike shop et là, SURPRISE, c’est l’ancien team manager de Payet F. Nous discutons vite fait, il me dit qu’il n’a pas de plaquettes en stock pour Cura 2 à défaut de Cura 4. D’ailleurs, il est étonné que j’aie monté ces freins sur un vélo comme ça car pas assez « puissants ». Il n’a pas tort, et je l’ai bien remarqué déjà à l’Ainsa mais aussi ici. Mais je lui explique que je n’avais pas trop le choix, car je voulais un vélo à l’économie, et que je pensais naïvement qu’ils étaient comme mes R0 Racing ou mes T1 / T1R ou encore mes Oro GM (mono piston on/off). Il me dit de couper les ressorts de plaquette, ce qu’il fait rapidement, car c’est ce qui frotte, et il me dit que ça devrait tenir pour la dernière spéciale…

Je retourne aussi vite que je peux en bas, mon binôme est déjà là. Il m’attendait. Je m’excuse pour l’attente et nous partons aussi vite en cabine pour la der des ders.

Spéciale 5

Nous discutons avec mon binôme et il m’annonce qu’il est fatigué (les liaisons). Je lui accorde, et il a raison : trois jours de ride, c’est malgré tout un effort physique important pour les organismes. La fatigue est aussi, par expérience, une cause d’erreur et donc d’accident en VTT car nous manquons de lucidité et le corps s’économise sur la force/intensité dans les mouvements. Ainsi, les dynamiques sur nos montures ne sont pas les mêmes. Nous nous encourageons mutuellement. Florent m’indique que c’est une spéciale en bike park. Une rouge.

Pour le coup, nous n’attendons pas trop et nous partons directement vers le point de départ de cette spéciale. J’indique à Florent que je vais devoir davantage freiner de l’avant car mon frein arrière est sur le bord du précipice. Je lui indique également que s’il m’entend déraper, de ne pas s’inquiéter et de poursuivre, car je vais bloquer ma roue arrière pour ne pas user ce qu’il me reste. Je déteste ce genre de calculs, car ils me parasitent et me déconcentrent à l’instant T et durant la session de ride. On y va à fond, on enchaîne les virages et les petits sauts, tables, puis nous arrivons dans le sous-bois. Nous poursuivons sur un bon rythme, puis tout à coup, mon binôme s’écrie "Ah merde !", j’ai juste le temps de passer sur sa gauche sur la passerelle pour poursuivre. Je n’ai pas bien vu de quoi il s’agissait, mais mon binôme m’annoncera à l’arrivée qu’il s’agissait d’un saut. Je poursuis ma route, je commence à pédaler pour trouver une vitesse adéquate. Je remarque que dans les compressions de virage relevé, mon pneu s’affaisse beaucoup car je roule en basse pression et sur un sol dur comme les bike parks, ça donne une sensation de flou marqué. Ce n’est pas désagréable, mais il faut s’y faire. Tout le long, je monopolise au mieux mon frein avant et utilise pas ou très peu le frein arrière. Au loin, j’aperçois les deux riders qui étaient devant nous faire les jumps car ils décollent très haut. Je tente de maximiser les virages relevés en les prenant le plus haut possible et en appuyant du mieux que je peux pour sortir très rapidement et enchaîner. J’entends les speakers et les bruits du public, l’arrivée n’est plus très loin, il reste encore à faire. J’arrive à proximité des deux riders en Santa Cruz ; l’un a fait la grande table et a décollé super haut, tandis que son binôme a fait la chicken line. Je prends la chicken line, nous sommes à un virage près, je me dis que je vais peut-être pouvoir les doubler pour un dernier kiff perso. Les derniers enchaînements sont rapides, je manque de me satelliser sur un virage et je freine des deux freins... Je ne reverrai malheureusement jamais les deux lascars. J’ai échoué. Tant pis.  Je poursuis ma route, je pédale comme un bourrin jusqu’à la ligne d’arrivée. Je suis plutôt satisfait, car mine de rien, même si je n’aime pas trop le format piste de bike park, celle-ci était composée de sous-bois intéressants et elle était rapide à faire. La grosse section de pédalage m’a bien mis dans le rouge niveau cardio. Je suis content, c’est la fin de la course.  J’ai bien roulé, j’ai apprécié, j’ai pris plaisir et le matériel comme le bonhomme ont bien tenu malgré le couac avec les plaquettes. Très content d’avoir roulé avec mon binôme 😊.

En conclusion,

Trois jours de ride plaisir. Je pense que nous pouvions largement faire mieux. Nous terminons en milieu de classement à savoir 21/44 en +77 et 104/186 sur la course longue. L’organisation de l’enduro était bien dans l’ensemble. Les ravitos, généreux et bien positionné. Pas de stresse à avoir sur les barrières horaires.  Les paysages étaient vraiment sympas voir grandioses. Les spéciales étaient variées, il y en avait pour tous les goûts. In fine, je n’ai pas eu l’impression d’être sur une course d’enduro, mais plutôt sur un moment de plénitude et de partage. Est-ce que je reviendrai faire ce type de course ? Oui

 

Valère,